Un nouveau jour

Dans cet établissement, il n'avait pas encore eu ce que l'on pouvait appeler de Vrai problèmes, alors il se plaisait à flaner, surveillant tout de même à droite et à gauche les quelques petites damoiselles qui croisaient son chemin, histoire de faire son "job".
Claquant ses doigts, plus par habitude qu'autre chose, il sortit une nouvelle fois une cigarette et la porta à ses lèvres, dirigeant ses pas vers l'une des fenêtres du Grand Salon, Fabien soupira puis l'alluma, humant profondément cette agréable odeur qui lui procurait tant de "bien-être" (Ps : c'est pas bien de fûmer...)

Laissant son regard glisser sur les murs, s'adossant finalement à la fenêtre, il se perdit dans ses pensées, ne faisant plus vraiment attention à qui était où et qui faisait quoi dans cet pièce. Pourtant, des ombres approchaient souvent, mais reculait.
Il ne les appercevait pas, trop occupé à penser à lui même et ses problèmes, trop préoccupé par lui.

Laissant sa main retirer sa cigarette de la bouche, il souffla puis la lança dehors, par lassitude, avant de se repencher sur le bord de cette fenêtre si... ennuyante...

Pouvait-il espérait autre chose qu'une journée sans rien ? Pouvait-il espérait faire de nouvelle connaissance ? Avoir des vraies connaissances, et qui sait, peut-être bien plus...

*On s'fait chi** ici*

Pensa-t-il avant de tapper du pied sur le sol, de sa pointe, un peu pour donner le rythme d'une musique qu'il aimait particulièrement (je ne citerais pas... XD... Apocalyptica : Pray)
Puis il replongea dans ses pensées, espérant réellement une interpellation quelconque... alors qu'il entendait les autres "chahutter" gentiment.

Satyavane errait dans les couloirs le nez plongé dans un de ses livres de cours militaires intitulé "Le savoir de la stratégie". Il entendait des chuchotements féminins autour de lui mais n'y prenait pas garde, essayant de se concentrer sur les paragraphes.

Il n'avait pas remarqué qu'il pénétrait dans le Grand Salon. Aussi fut-il très surpris quand il heurta quelqu'un.

Levant les yeux de son bouquin, il avisa le jeune homme qu'il venait de bousculer.

-"Hem... Excusez-moi, je n'ai pas fait attention."

Il ne lui semblait pas avoir déjà croisé ce garçon auparavant. Mais c'était normal, Satyavane était toujours très studieux, ce qui l'empêchait de se lier avec les gens.

Quelque chose, ou plutôt quelqu'un se heurta à lui, le sortant d'une étrange pensée peut recommandable, avis aux âmes sensibles.
Se retournant alors vivement pour savoir qui, qui l'avait bousculé, il se surpris à voir un jeune homme tout ce qu'il y avait de plus normal, un certain livre à la main, ouvrage qu'il ne connaissait absolument pas.
Lui souriant, un peu pour lui assurer que ce n'était pas important, cette bousculade, et que lui même ne faisait attention à rien, il répondit :

"Il n'y a pas de mal. Cela fait longtemps que vous êtes ici ? Il ne me semble pas vous connaître."

Expliqua-t-il mal assurer dans ses paroles. Non pas qu'il l'impressionnait ou autre, mais simplement qu'il venait de le tirer d'un doux rêve... impossible, mais tellement beau, qu'il ne se sentait pas tranquille.

Aussi garda-t-il ses yeux dans ceux de cet homme, et fini par se reprendre en disant :

"Excusez-moi. Je m'appel Fabien, Fabien des Roses. Enchanté."

Il tendit alors sa main paisiblement vers lui, espérant un peu de politesse entre eux.

-"Non, je suis arrivé il y a un mois..." répondit Satyavane.

En un mois, il avait croisé plus de filles que durant les vingt sept années de sa vie. Cela l'avait vraiment mis mal à l'aise. Il était soulagé de pouvoir discuter avec un homme, enfin, après toutes ces heures de surveillance des dortoirs et des classes féminines !

Il s'assura que ses gants étaient correctement mis et serra chaleureusement la main de Fabien, un sourire poli aux lèvres.

-"Enchanté. Je suis Satyavane Youri, surveillant. C'est la première fois que je vous croise et c'est un plaisir."

Il referma son livre, preuve qu'il accordait de l'attention à quelqu'un.

Un moi, donc il était, quelque part, nouveau. Lui se souvenait de sa première fois, arrivé ici un peu peuno et perdu. Mais heureusement, ça c'était plutôt bien passé, et son accueil aussi. Enfin, les filles qu'il avait rencontré n'était pas bien méchante, même, il aurait pu dire s'être très bien entendu avec.
Laissant ses yeux sur le corps de ce Satyavane, Fabien glissa furtivement ses yeux pour les porter de nouveau vers les siens, histoire de ne perdre sa politesse.

" C'est un plaisir aussi de croiser un visage masculin dans ce monde de femme."

Assura-t-il alors plus à son aise, et un peu amusé.

"Enfin, je n'avais pas vue de nouveau surveillant depuis quelque temps, et je dois dire en être soulagé. Mais, dites moi, Satyavane, quel est ce livre que vous feuilletiez ? Je suis bien curieux de le savoir."

Son sourire fut calme, et ses yeux portés une importance particulière aux reflets de ceux de son interlocuteur, de son vis-à-vis.
Fabien porta sa main sur son propre poignet tout en regardant l'heure. Il s'était donc levé si tard ??...
Peu importait. Ecoutons donc ce jeune homme.

Il ne croyait pas si bien dire, ce Fabien ! Au milieu de tous ces visages féminins, Satyavane obtenait presque des boutons d'allergie.

Lorsque son interlocuteur s'intéressa à son livre, le jeune homme sourit franchement. Entre êtres dotés d'intelligence, on pouvait bien se comprendre.

-"Il s'agit d'un de mes livres de cours", informa-t-il en le lui tendant, Je suis à l'école militaire."

Tandis que l'autre feuilletait, il le détailla. De beaux cheveux mauves... La plupart du temps, Satyavane n'osait pas scruter ainsi les filles de l'établissement. Il préférait les éviter au maximum. Surtout celles qui étaient réputées pour leur rebellion. Mais il savait bien qu'un jour, en tant que surveillant, il y serait confronté.

-"C'est un métier difficile, n'est-ce pas ?"

Un de ses livres de cours. Alors ainsi, Satyavane était de l'école militaire, c'était un point pour le moins intéressant aux yeux de Fabien.
Le prenant doucement et regardant les quelques premières pages, il fronça les sourcils en concluant :

"C'est pas mon point fort."

Il fut amusé par ses propres paroles, alors qu'il laissa son vis-à-vis lui poser à son tour une question. Sur ce qu'il faisait, bien qu'il ne soit pas seul. Enfin, cela faisait un temps qu'il était ici, presque une année à bien compter, et il ne s'était pas vraiment amusé, quoi qu'il se plaisait plus qu'avant.
Haussant les épaules, il fixa ses yeux, charmant ma fois, et lui répondit tranquillement :

"Et bien, je ne peux pas dire que se soit simple. Enfin, il ne faut pas s'en pleindre non plus."

Lui offrant un sourire paisible, Fabien se lui rendit son livre et se pencha sur le rebord de la fenêtre, en continuant :

"Je n'ai pas croisé des jeunes filles très rebelles, je n'ai pas à me plaindre. Mais pour le moment, je pense que c'est calme. Vous savez, j'ose espérer un mouvement quelconque, quelque chose qui mette un peu de piment dans ma vie... Je souffre d'ennuit. A moins que vous ayez quelque chose de pationnant à m'apprendre..."

Termina le surveillant en tournant un regard complice envers Satyavane.

L'ennui ? Satyavane ignorait ce que c'était. Il avait toujours étudié, s'était toujours entraîné, tout cela avec acharnement. L'ennui des oisifs, il ne connaissait pas.

-"J'ai du mal à me faire à cet endroit..., murmura-t-il, Avec toutes ces... filles..."

Il prononça ce mot du bout des lèvres, l'air amer.

-"Enfin, je ne dois pas me plaindre d'avoir de quoi payer mes études."

Il devait prendre sur lui. Pour l'instant, il avait eu de la chance de ne pas être encore tombé sur des élèves trop dangereuses.

-"Mais si votre vie ici vous semble peu attrayante, pourquoi y restez-vous ? Je suis d'accord avec le fait que les... filles sont des êtres peu intéressant, mais qu'est-ce qui vous a poussé à venir travailler ici ?"

Fabien poussa un soupir. Non pas que sa conversation ne l’intéressait pas, au contraire, mais sa question l’importuna grandement. Oui, il avait eu ses raisons pour venir travailler ici, oui encore, sa vie ne l’amusait pas, mais il semblerait que quelque chose d’autre anime sa volonté de rester dans ce lieu.
Il haussa les épaules et répondit sur un ton nonchalant, non pas qu’il n’aimait pas Satyavane, mais sa question :

"Disons que j’ai mes raisons de rester ici. Et pour ce qui est de la raison pour laquelle je suis venue ici, la réponse est : ma curiosité. Je suis ce que l’on peut appeler un homme très curieux Satyavane. Mais vous, dites-moi, vous n’avez vraiment pas l’air d’aimer les filles, je me trompe ?"

Le surveillant avait radoucit sa voix sur sa troisième et sa dernière phrase, montrant un peu plus d’entrain, un peu plus de volonté de réflexion et poursuite de cette discussion.
Finalement souriant à son interlocuteur dont il appréciait la voix et la tenue, mais plus encore son corps, Fabien se voulait distant, mais pas trop avec lui. Il voulait lui montrer de la politesse, bien que de la froideur.
Oui, les études… Lui il n’y portait pas grande attention, et s’il était ici, c’était simplement parce qu’il… parce qu’il n’avait rien d’autre à faire de mieux.

Songeant, il se prit à vouloir « jouer » et voir ce que pensait Satyavane dans la situation dans laquelle il le mettrait. Il ne voulait pas le faire fuir, ou bien ne pas s’entendre avec lui, mais il lui rappelait ce membre de sa famille dont il s’était éprit, semblant toujours studieux, toujours sûr de ses propos et pourtant toujours à côté de la réalité…
Se plaçant alors face à lui, s’approchant de sorte à le faire reculer jusqu’à un mur, à le faire toucher ce mur pour ne plus pouvoir fuir cette approche, il resta à quelques centimètres de lui et de son visage. Souriant doucement, le fixant dans les yeux, figeant son regard sur ce visage, et posant une main à côté de la tête de son interlocuteur.
Il approcha son visage, et lui susurra au creux de son oreille :

"N’est pas peur, je ne te ferais rien."

Il avait même prit la liberté de le tutoyer, simplement pour lui désigner ses intentions. Il aimait bien, jouer sur cette corde si, à voir si son partenaire en tombait ou rester en équilibre sur ce fils presque aussi fin et long que celui de la vie.
Il y avait beaucoup de jeunes filles autour d’eux, mais peut importait, ils étaient surveillant non ? Ils faisaient ce qu’ils voulaient donc…
Replaçant son visage de sorte à voir celui de son vis-à-vis. Il était tellement proche, qu’il pouvait ressentir sur sa peau le souffle de cet étudiant de guerre, de cet étudiant militaire. Ses yeux étaient paisible, à Fabien, et passaient souvent de ses lèvres, à son regard, s’attardant souvent dans le reflet de ses yeux.
Puis il ne bougea plus, attendant avec envie la réaction de Satyavane, voir comment il prendrait ce jeu, au sérieux ou non, mal ou bien… Il était curieux de savoir, curieux d’en apprendre un peu plus sur son caractère.

* Etonne-moi… fais-moi voir le calme que l’on vous apprend chez les militaires… fais parler ton esprit et non ton corps pour une fois… laisse tes yeux tout me dire *

Ses pensées s’égarèrent, lui qui n’aimait pas se sentir seul, il provoquait un peu de trop peut-être Satyavane. Mais cela, il ne pouvait et ne pourrait le savoir, il n’était pas dans sa tête et ne pensait très certainement pas comme lui.

Aux soupirs et regards biaisés de Fabien, Satyavane comprit que sa question indiscrète l'avait ennuyé. Pourtant, il avait appliqué la pensée qu'on lui avait inculquée dans ses livres de cours : la meilleure tactique était de faire parler les autres pour qu'ils évitent de s'intéresser trop à soi. Donc poser des questions, n'est-ce pas ?

Cela ne parut d'ailleurs pas fonctionner avec son interlocuteur, car celui-ci entreprit de se rapprocher de lui d'une manière très directe et lui parler de façon intime.

-"La gent féminine ne fait que gêner ou souffrir les hommes. C'est tout ce que je sais."

Cachée sous ses gants blancs, la cicatrice le tiraillait encore.
Mais bientôt, l'attitude de Fabien envers lui le fit songer à autre chose. Le dos collé au mur, le visage tout près du sien, il se retrouvait dans ce genre de position qu'il avait déjà vécue lors de stages militaires. Avec son air réservé et tranquille, il attirait à lui les petits chefs désireux d'établir leur autorité ou de tester leurs forces d'intimidation. Satyavane soupira. Même en étant plus jeune que lui, ce garçon prenait l'avantage avec intrépidité. Etait-ce cette même tentative de gouverner un "bleu" ? Puisque Fabien travaillait également ici, il ne pouvait s'agir que de cela.

Comme il l'aurait fait pour une bataille, Satyavane évalua la situation ; deux solutions s'offraient à lui : soit il repoussait ce petit culotté sans ménagement et le cinglait de froides remontrances, soit il le prenait à son propre piège. Cette dernière méthode le remplit d'aise. Sous sa perpétuelle allure sérieuse et droite, il restait un homme en manque depuis un mois ! Être entouré de filles l'avait troublé, le poussant à se réfugier davantage dans le travail. Mais devant ce garçon qui lui offrait ses lèvres si proches...

Il tendit une de ses mains gantées et saisit fermement le menton de Fabien, le toisant de son regard azur.

-"Les militaires font des choses que tu ne saurais imaginer, petit. À toi de voir si ta curiosité sera plus forte que ta raison."

En disant cela, il testait sa crédibilité. Si Fabien plaisantait, il se mettrait à rire en se reculant. Sinon... Satyavane ne savait pas.

Les femmes blessent… Il retiendrait éternellement, mais après cela, il le prit dans un « piège ». Pourtant, il vit un regard plus que connaisseur s’abattre sur son attitude, et masqua un sourire de contentement. Il ne lui voulait rien, rien de vraiment dangereux, juste le connaître lui, et peut-être même, apprendre plus qu’il ne voulait en dire par ce simple geste.
Puis, sa main sous son menton le fit réagir. Il ne serait pas homme à garder son sang froid, tout son être aurait tremblé, mais seul son regard se défit. Puis sa phrase, et son ton trop froid, trop indirect.
Pourtant, à la fin de cela, il inspira grandement et fit un sourire franc, de complicité plus que de satisfaction, ce qui aurait porté à confusion. Ne pouvant incliner son visage, il posa sa main libre sur celle qui osait lui bloquer sa tête, et finalement ne la retira pas.

Il n’avait en rien, peur des militaires, mais redoutait tout de même un problème avec lui. Bien que l’un soit plus âgé que l’autre, le cadet paraissait maîtriser plus aisément la situation. Le regard du plus vieux s’en faisait grandement ressentir, mais il ne se défit pas de la situation en affirmant :

"Je n’ai rien contre toi, Satyavane, mais tu m’intrigue beaucoup. Et si tu veux savoir, tu ressembles à une personne que j’appréciais particulièrement. Cependant, tu ne m’impressionnes pas, et je ne suis pas ici non plus, pour affirmer une autorité que je n’ai pas. Je n’ai que la supériorité d’avoir passé plus de temps ici, pas la prétention de me croire au dessus de toi."

Comme s’il aurait pu lire dans les pensées, ou plutôt, comme s’il connaissait déjà la situation et les questions que l’on pouvait se poser lorsqu’on la vivait, Fabien y avait répondu calmement, les yeux assurant la véracité de ses propos en s’appuyant dans ceux qui leur faisaient face.
Son visage redevint vite froid, sans sourire, et sa main ne se détaché pas de celle qui lui retenait son visage. Mais il se demandait pourquoi des gants ? La bonne raison qui le poussait à en avoir.
Fichu question, ça lui avancerait à quoi de le savoir ? Perdre une confiance qu’il mettait ici à rude épreuve ? Perdre un semblant de bon contact avec lui qui le troublait tant par sa ressemblance… Pourquoi fallait-il qu’il en soit tombé amoureux, pourquoi fallait-il qu’il rencontre un homme lui ressemblant autant ?

Son cœur se serra rapidement, et il aurait pu tomber dans l’inconscience s’il n’était pas assez fort mentalement pour se calmer. Serrant son poing sur le mur qui marqua ce moment de faiblesse intérieur, Fabien avait également le regard sur le sol et sa main qui s’était posé sur celle de Satyavane avait lâché sa pression pour retomber le long de son corps.
Son soupir, sa façon de presque se désintéresser le marquait rudement. Ses lèvres s’entrouvrirent et laissèrent une voix fragiles en sortir :

"Tu sais, ma curiosité est grande, mais ma raison l’est aussi. Entre choisir l’un ou l’autre, aujourd’hui en m’écoutant, je choisirais la curiosité, parce que tu ne sais pas… comme je ne sais pas, le passé vécu. Je ne comprendrais peut-être jamais pourquoi dis-tu que les femmes blessent, et tu ne comprendras certainement jamais mon attitude, ou pas complètement, envers toi. C’est aussi simple que cela. "

Fabien ferma alors les yeux, ceux-ci même qui marquèrent une douleur…

Entre surprise et amusement, le comportement de son interlocuteur témoignait à Satyavane que son action n'avait fonctionné qu'à demi. Si elle n'avait pas intimidé le jeune homme, elle avait tout de même semblé lui plaire.

Intrigué par lui ? Ce n'était donc que cela ? Soulagé sans le montrer, Satyavane le relâcha, se dérobant du même coup à la main de Fabien. Ce dernier demandait à en savoir plus sur lui. Il était décidément franc et loquace, et même tout à fait perspicace puisqu'il devinait quelles questions préoccupaient son aîné. Bien, ce n'était pas quelqu'un d'inintéressant...

Satyavane eut un léger sourire.

-"Si tu veux me connaître, présentes-toi d'abord" répondit-il avec une douce froideur, "Qui était ce quelqu'un à qui je ressemble ?"

Si Fabien se refermait sur son passé, Satyavane ne voyait pas pourquoi il dévoilerait le sien. Chacun ses secrets, quoi.

Mais un point l'étonna particulièrement : le jeune homme ne paraissait pas penser la vilénie des femmes comme une évidence. Avait-il rencontré des exceptions ? Cela intéressa brusquement Satyavane, avide d'apprendre sur la vie.

-"Vous-êtes vous... déjà entendu avec une fille d'ici ?"

Il avait forcé le ton de sa voix sur le mot qui lui semblait ahurissant.

Lorsqu’il le lâcha, son regard retrouva le chemin de la vue de Satyavane. Remarquant ses lèvres s’arquer lentement, Fabien, se sentit soulagé quelque part, mais suite à la question, eu son cœur qui ne fit qu’un bon dans sa poitrine, lui coupant par la même son souffle.
Pourquoi fallait-il donc qu’il lui en ait parlé ? Pourquoi lui alors que c’était lui justement à qui il aurait du le plus cacher. Mais maintenant que le pas était franchi, il fallait avancer jusqu’au bout et se sortir de ce passé étroit et ô combien effrayant pour le jeune surveillant.
Il prit une inspiration profonde et finalement laissa sa main qui se tenait au mur revenir le long de son corps, pour ensuite attraper sa propre chemise. Son regard ne fit qu’un tour avant de rejoindre la fenêtre pas très loin et de chercher un point d’appui, ou plutôt, un point de fuite. Il répondit cependant, avec tout le calme qu’il lui était permis d’avoir, avec tout le charisme dont il faisait preuve d’ordinaire, sans se cacher de quoi que se soit envers lui, lui avouant même quel était ce sentiment particulier qu’il avait envers cette personne :

"Tu… … Tu ressembles à mon frère, mon grand frère, Ethan, duquel… … … [Il marqua une pose] … duquel je me suis éprit étant plus jeune. "

Il se tourna, entièrement, pour ne plus jamais lui faire face ou encore, avoir à supporter son regard, et puis, la question sur les filles ne se prêtaient pour ainsi dire pas. Il ne pourrait pas y répondre maintenant, pas après avoir dit… ce qu’il y avait tout au fond de lui et qu’il tentait de cacher depuis tellement de temps.
Sa main se crispa, plus fort encore, sur la chemise de Fabien, pour ne jamais la quitter et tenter d’oublier ce qu’il venait de se passer. Et si l’on pouvait voir ses yeux, ils montraient la peur de ce passé en lui, celui qu’il n’avait jamais oublié, mais qui, après cette révélation, l’avait haït de toutes ses forces comme leur père…

Puis il respira, difficilement, en discontinue, et voulu reprendre, parce qu’il n’avait pas fini, de répondre aux questions qu’il lui avait posé, et qu’il mettait toujours un point d’honneur à rester polit, et à répondre aux attentes qu’on lui formuler, positivement ou non.
Se mordant la lèvre inférieur, il tourna son visage vers Satyavane pour tenter de le regarder dans les yeux, et lui parler encore une fois :

"J’ai parlé calmement à quelques filles ici. Je ne me suis pas spécialement entendu avec elles. Mais ce n’était pas comme si elles s’étaient montrées odieuses ou violente à mon égard. "

Sa voix l’avait surpris lui-même. Il avait, en l’espace d’une seconde, retrouver son calme naturel, et son attitude de lassitude habituelle. Sa main lâcha son vêtement, et revint le long de son corps, comme si jamais il n’avait eu peur, comme si jamais il ne s’était inquiété, et que ce n’était qu’une impression, ou une vision mauvaise, une sorte d’hallucination.
Pourtant, il avait bien eu peur, et n’aurait pu que comprendre qu’il parte, ou encore, qu’il ne le considère plus comme il le faisait, avec calme et tact.
Parce qu’il avait un passé dont il ne voulait pas faire mention, parce qu’il se demandait quelle était la raison qui poussait son interlocuteur à lui demander cela, et à ne pas même répondre à ses attentes, il aurait voulu se laisser tomber, laisser son corps rejoindre le sol telle une lourde pierre sans vie, à qui on aurait donné le coup de grâce en une fraction de seconde… en une question.

Mais il tenait, droit, debout, comme une pierre de marbre blanc, blanc comme la neige, comme sa peau. Ses yeux bleu, parfois tirés sur le violet, marqué avec insistance la pâleur de sa peau, et lorsqu’il rougissait, au moins, on le savait de suite.
Pour le moment pourtant, il se sentait très mal à l’aise, bien qu’il ne le montrait pas. Fabien avait horreur de ne pas être ainsi maître de ses sentiments, mais cela arrivait à tous, la preuve en était.

"J’aimerais… Si tu me le permets… Ne pas avoir à entrer dans les détails, de ce qui s’est passé… … entre mon frère… et moi. "

Satyavane demeura bouche bée. L'attitude si confiante de son interlocuteur avait désormais disparu pour laisser place à une certaines détresse. La nature de l'aveu l'étonna, mais ce fut surtout le ton plein de douleur qui le déconcerta vraiment. Pour se défendre, il avait attaqué l'autre, et celui-ci souffrait maintenant, par sa seule faute. Dans ce genre de cas, Satyavane revêtait la culpabilité pour voir comment elle lui allait. Ici, il incarnait l'image que Fabien désirait voir. Cette idée le soulagea. Ce n'était donc pas directement lui qui l'intéressait, mais uniquement ce à quoi il faisait penser. Mué en symbole d'un amour blessé, Satyavane se sentait plus à l'aise. Il lui suffisait de donner ce que l'autre attendait de lui, et ce dernier le laisserait enfin tranquille.

Oui, depuis toujours Satyavane avait compris qu'il fallait faire ce que les gens demandaient pour avoir la paix. Il avait fait de son mieux avec ses parents, ses professeurs, ses aînés qui le bloquaient dans les douches du Centre Militaire, et maintenant ce garçon qui réclamait, par son air attristé, à ce qu'il paye pour avoir ressemblé à quelqu'un qui lui était cher.

Alors, lentement, même si l'autre avait repris controle de lui-même pour tenter de dissiper son état précédent, Satyavane pencha la tête vers lui et unit ses lèvres aux siennes. Il plongea sa langue pour y chercher celle de Fabien, et, yeux clos, entreprenait ce qu'il considérait comme un service rendu temporaire.

Fabien fut très surpris de sentir les lèvres de Satyavane contre les siennes, et il ne voulu qu'une chose, reculer, ne pas avoir à ressentir ça, alors qu'il n'avait rien... enfin, ce n'était pas son frère, c'était une chose évidente.
Il porta ses mains contre le torse de son interlocuteur et le repoussa doucement. Se détachant donc, et secouant son visage. Il baissa les yeux en lui disant faiblement :

"Non... ne fait pas ça parce que... Parce que j'ai dit que tu... ressemblais à mon frère."

Fabien hocha la tête puis reprit sa respiration calmement avant de retrouver un semblant de froideur. Il aurait eu plus de courage, sa main se serait très certainement retrouver contre la joue de Satyavane, en le giflant.
Mais il se retint. A la place, il releva simplement son regard et se demanda pourquoi. Oui, pourquoi avait-il fait cela, il n'avait pas voulu en parler, s'il avait été élégant avec lui, c'était simplement parce que son être était ainsi, aucun rapport premier avec la ressemblance flagrante entre lui et son frère aimé.

"Je... Ne refais ce genre de chose si c'est uniquement parce qu'on te le demande, ou parce que tu juge qu'ils te laisseront... Satyavane, au premier abord, je ne voulais pas te parler de cela, parce que c'est un sujet qui me regarde, mais maintenant que je t'en parle, ça n'explique pas ton geste... Tu... c'est stupide, à moins de partager quelque chose... Si je dois un jour t'aimer, ça ne sera pas par rapport à ta ressemblance envers mon frère... ... mais pour ce que tu seras."

Fabien de faire une certaine révélation. Lui même venait de s'avouer quelque chose d'ailleurs...
Serrant son poing en repensant à ce qu'il venait de dire, le jeune homme ferma les yeux et baissa son visage, se taisant.

Satyavane parut surpris. La tristesse du jeune homme s'était accentuée par son acte. Alors que son but était tout le contraire, il aurait voulu le remettre de bonne humeur, lui redonner confiance, comme tout à l'heure...

L'étudiant ne comprit pas pourquoi l'autre lui en voulait. Il exaucait ses souhaits intérieurs, non ? Tss, on l'y reprendra, à offrir des services aux autres.

Aimer..?

En voilà, un bien grand mot pour un petit geste ! Décidément, qu'est-ce qui avait poussé Satyavane à l'embrasser ? Au fond de lui, il avait un peu désiré ces lèvres, il fallait l'avouer. Il était en manque. Mais ce jeune homme ne cherchait-il pas la même chose, en l'abordant, lui parlant aussi longtemps alors qu'il avait sans doute mieux à faire, son travail, par exemple ?

Et voilà que l'ambiance avait changé du tout au tout...
Satyavane hocha la tête et se détourna.

-"Je m'excuse. Je pensais te faire plaisir."

En réalité, c'était à lui-même qu'il s'était fait plaisir, là. Enfin, peu importait.

Il avisa son livre de cours. Cela, au moins, demeurait bien moins compliqué que les relations humaines. Satyavane éprouva l'envie de s'y réfugier.

Lui faire... plaisir, ô oui, il lui avait fait plaisir, mais il ne pouvait pas se permettre de lui dire qu'un geste pareil réconforter son petit coeur d'artichaud. Il tendi faiblement sa main vers lui, comme pour lui dire : non, je ne t'en veux pas... excuse-moi...

Mais il ne pu, aucun son ne sortit d'entre ses lèvres après la phrase de Satyavane. Pourquoi ? il aurait pourtant réellement aimer lui demander pardon.
Prenant sa force intérieur, il reprit parole, doucement, comme lorsqu'il l'avait "abordé", du moins, comme lorsqu'ils s'étaient parler tout au début, une voix calme, emplie d'une assurance et de sentiment profond, mais réservé :

"Je suis désolé... Mes mots sont peut-être dure, mais je pense ce que je dis. En revanche... Oui... tu m'as fait plaisir tout de même."

Dans un tendre sourire, il lui avait dit ces mots.
Puis levant franchement sa main vers Satyavane, il la posa doucement contre sa joue, et tourna ce visage agréable vers le sien.
Fabien aimait sa façon d'agir, mais il ne supportait pas blesser les autres. Alors il user de beaucoup de force psychologique pour se persuader lui même, et paraître bien.
Il émanait de Fabien, en cet instant, beaucoup de chaleure humaine.

"Je... Je ne pensais simplement pas que tu agirais de la sorte... Même si c'était plutôt agréable... C'est tout de même un geste peu habituel."

*mais je ne regrette pas*

Sa pensée l'aurait trahit tout autant que son regard le faisait en ce moment. Là, il regardait Satyavane, pas son frère...

Satyavane le laissait parler et faire, complètement égaré. Un coup ce qu'il faisait avait été bien, un coup mal ? Ce garçon savait-il être clair, dans sa vie ?
Enfin, puisqu'il souriait, cela ne devait pas être grave. Du moins, il s'en était remis.

Malgré son incompréhension, Satyavane se sentait à l'aise, ce jeune homme dégageait une douce chaleur humaine. Mais au lieu d'apaiser l'étudiant, elle animait en lui des pensées érotiques, c'était plus fort que lui. Depuis toujours, il avait voué son coeur au travail et son corps au plaisir. Ce qui signifiait qu'aimer quelqu'un ne lui effleurait pas l'esprit. C'était trop loin de lui, tout ça, trop effrayant, trop inconnu, au même titre que les femmes.

-"Je suis désolé."

Il répéta cette phrase pour s'y raccrocher, terrain connu et sûr que le faux remord !
Il se demanda s'il pourrait faire cesser ce trouble en couchant avec ce garçon. Quand ce serait fait, il pourrait s'en retourner à ses livres et sa solitude qui constituaient sa tranquillité.

Il serra tendrement les mains de Fabien et se pencha de nouveau vers lui.

-"Si tu en as aussi envie, faisons-le. Sinon, adieu."

Regard bleu appuyé doucement sur le regard violet.

Il fallait en finir, s'ils l'étaient tous les deux, d'accord et désolé, il n'y avait alors rien eu ?
Fabien ne le pensait pas, c'était trop important pour lui que se genre d'action, et si pour d'autre ça ne représenter rien, ou un jeu, tant pi, il s'en contenterait. Mais pour l'heure, c'était un sujet un peu égarer qui faisait surface, quelque chose que Jamais il n'aurait penser avoir aussi librement, même avec quelqu'un comme Satyavane.

Gardant son sourire tout de même, posé habituellement sur son visage depuis qu'il masquait certain sentiment et mal être, il écouta sa dernière phrase pour y réfléchir après, sans être surpris, mais se demandant les raisons qui annimer cet homme, son ainé.
Lançant une furtive attention sur le monde autour d'eux qui paraissait exclu de tout, et ne représentait pour l'heure rien, il laissa ses mains faiblements tenues, pour finalement répondre paisiblement :

"Très bien... Allons y alors."

Cette aisance, ce n'était pas souvent, mais il l'aimait beaucoup, et s'y accrochait lorsqu'elle était présente en lui. Mais son attitude l'interpelait grandement.
Que renfermer l'âme de ce jeune homme, qu'a-t-il vécu pour en être arrivé à penser des choses comme celles-ci être si peu importante, ou si peu intime ?

Tirant doucement ses mains dans les siennes pour le rapprocher et lui renforcer ses paroles, il demanda tout de même :

"Tu as un lieu préféré en tête ?"

D'un naturel débordant.

Satyavane poussa un soupir de soulagement. Fabien était redevenu ce qu'il considérait comme "normal", c'est à dire tel qu'il l'avait rencontré quelques minutes auparavant : sûr de lui et moqueur. Il ignorait totalement si tel était le véritable fond du jeune homme ou bien juste un masque, et il n'y songeait qu'à peine d'ailleurs.

-"Tu connais les lieux mieux que moi. Pour ma part, ça fait un mois que je n'ai pas fait ça."

Satyavane n'avait aucun complexe à avouer ce genre de choses. Pour lui, le sujet sexuel devait être aussi simple qu'aller faire les courses. C'était un manque qu'il fallait remplir. C'était nécéssaire de s'y défouler pour mieux se concentrer ensuite sur les études.

-"Je te suis."

Il ne voulait pas choisir sa propre chambre afin de ne pas mélanger ces domaines. La chambre était propre, rangée et lui servait de lieu d'étude. L'acte sexuel tel qu'il le connaissait, c'était salissant, ça foutait le bazar et ça dissipait l'ambiance studieuse et calme d'un lieu. Ainsi raisonnait Satyavane.

Oui, il connaissait le lieu certainement plus facilement que lui. C'était une évidence à couper le souffle, mais ne sait-on jamais, on ne peut pas être doué à tous les niveaux, et sa question allait tout de même de soit.
Il aurait très bien pu avoir fait du repérage, un peu comme lui, mais non, rien. Haussant les épaules il se mit à réfléchir un court instant. Quel lieu, mieux qu'une chambre, pourrait convenir ? Une douche, mais ce n'était pas très confortable. Et puis le ménage n'est pas une chose qui faisait peur à Fabien, loin de là.

Secouant rapidement sa tête pour reprendre ses esprits et éviter de trop s'attarder sur une réflexion autre que celle du lieu, le jeune surveillant reprit :

"Très bien, ça ne me pose pas le moindre problème. Je t'invite dans ma chambre alors. Je pense qu'elle doit être suffisamment en ordre."

Un sourire vif sur son visage qui marquait une incertitude mais un bien être, Fabien inclina son visage.
Gardant une main dans la sienne, il l'entraîna à sa suite et passa quelques couloirs, quelques pièces aussi, et ils finirent par atteindre les couloirs des chambres des surveillants.
Il n'avait rien dit, lui, et le silence avait été agréable, pour le peu qu'il dura. Pourtant, une fois devant sa porte de chambre, il hésita. Sa main restait au dessus de la clanche, et il n'osait l'abaisser.

Se retournant alors vers Satyavane, sans un sourire mais un regard perçant, il reprit confiance dans ses pensées et gestes, et fini par ouvrir.
C'était une petite pièce assez mignone, où l'on trouvait quelque biblot pour personnaliser la chose, et surtout, des vêtements, enfin, une chemise et une veste sur le dossier de chaise.
Il avait aussi un portrait de ses parents qui trainait sur sa table de chevet, et une photo de son frère aimé et de sa femme, le jour de leur mariage.

Pointant le lit où pourrait s'asseoir son hôte, Fabien referma la chambre puis plaça ses mains dans son dos.
Observant doucement son corps, il s'attendait peut-être à une remarque concernant cette pièce, ses affaires ou encore bien, les deux photos, si importante à ses yeux.

"Voilà mon ami, nous sommes enfin arrivé."

Sa voix fut douce, et son sourire l'accompagna aisément. Inspirant, il ouvrit à demi sa chemise, pour se mettre à l'aise, et le laissa voir la pièce, ne serait-ce que d'un coup d'oeil.

(vouala je te laisse aller au appartement privé, Chambre de Fabien)

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