Une grande faim!

Amaryllis était dans les cuisines. La jeune femme n’avait pas mangé ce matin-là, ni mangé sur l’heure du midi. C’était le soir et elle était affamée. Pourquoi n’avait-elle pas mangé? Elle-même ne le savait pas. En fait, elle se sentait toujours triste et s’était enfermée dans une pièce toute la journée. Amaryllis ouvrit une armoire et se prit un truc au hasard… elle tomba sur des biscuits. Sans même leur jeter un coup d’œil, la jeune femme ouvrit la boîte et en mangea quelques-uns. C’était fou comme elle avait faim!

« Il y a peut-être des restes de ce midi… j’ai pas envie de me préparer un truc… » songea-t-elle à haute voix.

Amaryllis ne trouva rien… dommage, elle n’avait pas envie de se préparer à manger. Elle rangea la boîte de biscuits et se mit à la recherche d’un ‘repas’. Peut-être irait-elle même le manger dans la salle à manger… ah non, c’était vrai : elles n’y avaient plus accès depuis que le nouveau directeur était là. Amaryllis soupira. Elle se sortit un verre pour se servir un verre d’eau… mais réussit à en faire casser deux! Un bruit de verre brisé résonna un moment dans la pièce avant que le silence ne revienne.

« Encore?! Olalaaaa » soupira la jeune femme en déposa son verre.

Les deux verres qui s’étaient brisés étaient tous deux en mille morceaux. Il y avait des bouts de verres par terre… bref, il y en avait un peu partout! Amaryllis entreprit de ramasser le tout, mais elle avait toujours aussi faim… Ramasser, puis manger ou le contraire? Le contraire! Son ventre était plus important que ce petit dégât! Amaryllis laissa le tout là et se mit en quête d’un truc ‘comestible’ qui ne demandait pas trop de temps à préparer.

« ‘Soir! Euh…. Tu sais s’il reste encore un peu de ce que vous avez mangé ce midi? Je meurs de faim et je n’ai pas envie de ma casser la tête cette fois-ci. » lui demanda Amaryllis.

La jeune femme sourit en voyant la ‘réserve’ de friandise. Décidément, cette fille pouvait bien manger n’importe quoi sans pour autant grossir! Ça faisait un bon moment qu’elle n’avait pas vu Milie… ou même les autres… depuis que la vieille dame était morte, Amaryllis semblait encore plus discrète qu’à l’ordinaire. Elle avait passé bien du temps seule, ne parlant à personne, mais maintenant elle en avait marre de toujours éviter ses ‘sœurs’… et puis, elle voulait en savoir un peu plus sur ce fameux nouveau directeur.

« S’il ne reste rien, ce n’est pas plus grave que cela, je me trouverai bien autre chose à me mettre sous la dent. » ajouta la jeune femme en observant Milie.

Amaryllis observa encore un moment cette dernière.

« Je suis contente de te voir Milie… ça… fait un moment que je n’arrête pas d’éviter tout le monde… » dit-elle tout simplement en commençant à ramasser les morceaux des deux verres.

Lorsqu’Amaryllis entendit Milie parler d’une part de viande et d’un morceau de gâteau au chocolat, la jeune femme entendit les gargouillements de son ventre. Elle avait tellement faim qu’elle aurait pu avaler n’importe quoi! Elle attendit un instant pour laisser une chance à Milie de trouver ce qu’elle cherchait. Si elle ne trouvait pas, Amaryllis se contenterait bien de quelque chose de différent, ce n’était pas plus grave que cela. Pourtant, elle ne put s’empêcher de faire un grand sourire à Milie lorsqu’elle sortit l’assiette d’un placard.

« Oh! Merci Milie!!!! Tu peux prendre la part de gâteau, je crois que le reste me sera suffisant, tu sais… Mais qu’est-ce qu…? Mais non Milie, laisse tomber, c’est pas grave, je ramasserai le tout après… c’est moi qui les ai cassé après tout. » lui dit-elle en lui sautant presque au cou tellement elle était contente de pouvoir manger quelque chose de comestible.

La cuisine n’était pas sont fort, loin de là! Ne pouvait retenir plus longtemps face à cette nourriture, Amaryllis prit l’assiette et commença à manger le tout avec appétit.

« Je ramasserai dès que j’aurai terminé, c’est pas la peine que tu ramasses les morceaux des deux verres. » ajouta-t-elle à l’adresse de la jeune fille. « Tu… as déjà vu l’une des nouvelles personnes qui sont arrivées après le nouveau directeur? » lui demanda la jeune femme par simple curiosité.

« Non je… n’ai vu personne… en fait, je suis restée… cloîtrée dans ma chambre, comme tu l’as dit… » avoua la jeune femme en s’attaquant aux légumes.

Et quand elle ne s’enfermait pas dans sa chambre, elle allait dans une autre pièce vide et venait ici de nuit pour manger…

« Mais, j’ai vu qu’on avait fait installer des grilles… C’est normal? » lui demanda Amaryllis.

Amaryllis avait vu très peu de choses à propos des changements, mais seule l’installation des grilles semblait la laisser perplexe. M’enfin, cela ne servait peut-être que de décoration… bien que ça donnait l’impression qu’on se trouvait enfermé dans l’orphelinat. La jeune femme soupira. Elle était contente d’être tombée sur Milie plutôt que sur une de ces personnes inconnues…

« Chose certaine, j’aimerais bien rencontrer l’un d’eux… ils ne peuvent pas être si terribles que cela quand même… On n’a plus accès à la salle à manger, mais il y a probablement une raison… enfin, moi j’en sais rien puisque c’est la première fois que je ressort de ma chambre, mais bon… »

Amaryllis regarda Milie. On aurait dit que c’était une enfant qui se faisait sermonner par sa mère… Son regard semblait dire : ‘Mais je n’ai rien fait de mal, ne panique pas!’.

« C’est bon, j’ai compris la leçon. » dit-elle avec un sourire. « Le directeur? Eh bien, tu n’auras qu’à partir en courant alors… ‘Paraître’ ne veut pas dire ‘être’… il ne peut pas être si terrible que cela quand même! Moi je n’ai rien juré à Elizabeth, alors je ne risque pas de manger les poèmes de True. » lui dit-elle.

Franchement, elle avait un peu de mal à croire que Elizabeth avait fait jurer cela à Milie… Décidément, elle en avait manqué un bon bout! Elle avait l’impression que tout était différent… mais en même temps, ça ne pouvait pas l’être tant que cela. Amaryllis termina son repas. Son ventre rassasier avait finir de grogner.

« D’accord Milie, d’accord! Ahlalaaa, vraiment, tu as le don de me faire changer d’avis parfois… » dit-elle en acquiesçant.

Et elle qui avait prévu rester dans sa chambre encore un moment… Bon, tant pis! Elle avait passé assez de temps à se morfondre, il était temps qu’elle redevienne elle-même! Amaryllis L’Écoutante, voilà ce qu’elle était, et non Amaryllis LaDéprimée!

« Merci… je crois que… ça va me faire du bien qu’on me ‘force’ un peu à sortir de ma chambre. » la remercia la jeune femme.

Amaryllis prit l’assiette vide et alla la mettre dans le lavabo. Elle ramassa tous les morceaux des verres en rapido presto et les jeta à la poubelle avant de rincer l’assiette.

« Y a des journées où je me demande ce que je ferais sans vous… j’ai beau être prête à toujours vous écouter, mais moi, je me confie rarement… »

Amaryllis acquiesça.

« Oui, je sais… »

Elle se tourna vers Milie qui se trouvait juste derrière elle. Elle tenta de lui sourire, mais rien n’y fit. Elle avait toujours cette impression de grand vide autour d’elle.

« Dis moi ce qui a changé, Milie, s’il te plait… ça va me changer les idées et en même temps je n’aurai pas l’air de quelqu’un de complètement perdu. » lui demanda-t-elle d’un ton presque suppliant.

Amaryllis s’arrangerait pour sûrement rencontrer le nouveau directeur. Elle voulait savoir pourquoi Elizabeth avait fait jurer cela à Milie et le seul moyen d’en être sûr, se serait de vérifier par soi-même. Et elle en profiterait pour lui demander à quoi servait ces grilles… ou encore le fait qu’elle ne pouvait plus aller dans la salle à manger.

« Aïe, aïe, aïe… je crois que j’en ai pour un moment à me sentir complètement perdue ici moi. J’ai l’impression d’avoir déménagé d’orphelinat! » avoua-t-elle.

Amaryllis jeta un regard aux cuisines. Ici, ça ne semblait pas avoir changé tant que cela…

« Des chiens? Pour faire quoi?! Je préfère de loin les petits caniches à des gros chiens… je me demande à quoi ils peuvent bien ‘servir’… »

Amaryllis semblait complètement perdue. À quoi bon tous ces changements?! Pourquoi des grilles? Pourquoi tout cela?! Décidément, il lui faudrait se renseignée!

« Il doit bien y avoir une raison dû à ces changements. Suffit de la ‘découvrir’. »

Amaryllis soupira. Elle retourna s’asseoir, l’air songeuse. C’était comme si elle s’était enfermée pendant plus d’une année de temps alors que cela faisait quoi? Une semaine… deux peut-être… Amaryllis avait finit par en perdre le décompte des jours. La jeune femme resta un moment encore sans parler.

« J’espère juste que tout ça… se ne soit que temporaire… »

Puis, Amaryllis replongea dans son silence. La jeune femme semblait de nouveau songeuse. Elle trouvait dommage que Milie ne semblait pas en savoir plus sur ces subites changement. En tout cas, Amaryllis tenterait d’en savoir plus. Elle était curieuse d’en savoir plus.

« C’est gentil de me proposer ton aide, Milie, mais je compte bien aller le voir quand même ce directeur. Il n’a aucune raison de nous prendre pour des esclaves! » en disant cela, Amaryllis donna un coup de poing sur la table avant de reprendre. « Je ne l’ai pas encore vu, mais dès que je verrai, il va m’entendre celui-là! Tu sais que j’ai beaucoup d’estime pour vous toutes, mais avec ce que tu viens de me dire Milie… je sais pas, on dirait que ça ne semblait pas réel… que… ce n’est pas possible… mais je vous crois, toi et Elizabeth, je vous crois! » assura-t-elle à sa ‘sœur’.

Amaryllis se tut. Certes, elle les croyait, mais elle avait encore du mal à croire que ce genre de chose était possible. La jeune femme resta encore un moment dans son silence, avant de se remettre à parler.

« Il est probablement à son bureau… à moins qu’il ne traîne quelque part dans l’orphelinat… » marmonna-t-elle plus pour elle-même que pour Milie.

Certains auraient pu croire qu’Amaryllis était courageuse, mais non, elle ne l’était pas pour le moindre du monde. En fait, il y avait des moments comme ça, où on avait l’impression de parler à une autre Amaryllis tellement elle pouvait changer en quelques instants de caractère…

« Je n’ai jamais dit être une ‘super woman’ non plus. » dit-elle en riant. « Mais oui, tu sais bien que je serai prudente! Je ne suis pas folle quand même. Enfin… peut-être que si, mais… pas tant que ça quand même! » ajouta la jeune femme.

Comme si elle n’allait pas être prudente! Certes, Amaryllis en était reconnaissante à Milie de le lui ‘rappeler’, mais avec ce que celle-ci lui avait dit un peu plus tôt… il y avait de quoi à être prudente! La jeune femme n’allait quand même pas se ‘jeter dans la gueule du loup’! Il y avait quand même une certaine limite à la naïveté. De toute façon, qu’avait-elle à craindre?

« Je vous avertirai avant d’aller le voir, comme ça, s’il y a quoi que se soit qui vous semble louche… m’enfin, promis, je vous avertirai! » lui assura-t-elle après un moment.

La jeune femme sourit en voyant Milie ranger ses bonbons dans leur cachette. Une cachette à bonbon dans un orphelinat, on voyait vraiment de tout ici!

« Non, je ne pense pas visiter dès maintenant… Je crois que je vais plutôt aller faire un tour dehors. » répondit-elle après un court moment d’hésitation.

Amaryllis avait été tentée de dire : « Je retourne dans ma chambre », mais Milie lui aurait probablement ‘piquée une crise’! Non, Amaryllis irait dehors cette fois. Oui, d’accord, c’était le soir, mais ce n’était pas grave ça!

« Merci! » lui dit-elle en sortant à sa suite.

Amaryllis sortit à l’extérieur, cherchant un endroit où aller.
--> Le Lac