Par un soir orageux...

Sullivan ouvrit la porte du dortoir. Il n’avait probablement pas le droit de venir ici, mais après tout, il n’avait rien fait de mal… Il fit d’abord entrer la belle aveugle pour ensuite y entrer à son tour. Cependant, il ne referma pas la porte derrière lui.

« Nous y sommes… » dit-il doucement.

Dehors, l’orage était toujours bien présent… Sully n’avait toujours pas lâché la main de sa belle. Enlaçant la jeune femme, Sullivan déposa un doux baiser dans ses magnifiques cheveux.

« Tu te sentiras mieux ici. Préfères-tu que je parte? Je n’aime pas vraiment l’idée de te laisser seule ici avec tous ces orages, mais si tu préfères rester seule, je comprendrai. » dit Sullivan d’un ton sincère.

Il partirait si elle voulait être seule, il comprendrait… Après tout, il ne savait même pas s’il avait le droit d’être ici… Probablement que personne dans les orphelines ne souhaitait sa présence dans le dortoir des femmes, mais Sully n’avait aucune mauvaise intention. Il voulait simplement être certain que Virginia ne se blesse pas, ou encore qu’elle n’ait pas trop peur en la laissant seule… Une erreur qu’il ne se pardonnerait jamais d’ailleurs! Sullivan lâcha Virginia, mais sans pour autant s’éloignée d’elle. Après tout, elle semblait tellement effrayée…

Sullivan aurait tellement souhaité pouvoir la réconforter plus que cela… pouvoir la protéger de sa peur… empêcher ce tonnerre d’éclater après chaque éclair… Et pourtant, il ne pouvait pas faire grand chose de plus que de la serrer dans ses bras. Il aurait tellement aimé pouvoir prendre le sentiment de peur qu’elle avait en elle et le garder pour lui… afin qu’elle n’ait plus peur des orages…

[ouaiiiis Viriginia s'est evanouit à cause de l'orage la pauvre pendant un mois et demi...'fin dsl pour mon absence^^]

Une fois entrée dans le dortoir, Virginia était un peu plus rassurée. Ces lieux lui étaient familiers, chaque recoin, chaque meuble n’avait pas de secret pour ses mains et était fermement ancré dans sa mémoire.
Entre chaque coup de tonnerre elle entendait la respiration calme et régulière des autres orphelines qui devaient dormir à cette heure avancée de la nuit, ce qui la rassurait d’autant plus.
Sully l’avait pris dans ses bras et posait un délicat baiser sur ses boucles rousses. Elle sourit, mise en confiance par cet homme qu’elle ne connaissait depuis quelques heures à peine. Elle était si bien dans ses bras protecteurs.
Il s’inquiétait de sa présence dans les dortoirs.
Bien sûr c’était interdit, mais tout le monde dormait, et puis elle ne voulait pas le laisser partir. Il est vrai qu’elle était à présent prête à affronter l’orage caché sous ses draps comme elle le faisait à chaque fois, tremblante et triste jusqu’au matin. Mais la voix douce de Sully et son corps contre le sien, la faisait presque oublier l’orage, oublier sa peine.

« restez » chuchota t’elle.

Elle se retourna, pris le visage de l’homme dans ses mains et l’embrassa avec bien plus d’hardiesse que la première fois. Pressant son petit corps fragile contre le sien.

La belle aveugle semblait plus calme ici qu’au salon. Cela sembla d’ailleurs réjouir Sullivan. Après tout, elle devait probablement se sentir mieux ici… elle connaissait cet endroit et lui non. Dans le dortoir, il semblait y avoir plusieurs petites chambres… probablement qu’à l’origine, cela n’avait été qu’une grande pièce, mais au fil des ans, les orphelines avaient probablement mit des murs pour se créer un peu plus d’intimité… après tout, la plupart semblaient avoir au minimum 18 ans. Néanmoins, même s’il mourait d’envie de rester auprès de Virginia, Sully n’avait aucunement l’envie que les autres orphelines le voient. Elles l’haïraient toutes terriblement… Pourtant, Sullivan n’avait aucune mauvaise intention. Il ne ferait aucun mal à cette fille après tout. Virginia était la seule orpheline à avoir été sympathique avec lui… à quoi bon lui faire du mal? De plus, Sully n’était un jeune homme du genre très violent et qui aimait faire mal. Enfin, l’aveugle parla, lui murmurant de rester. Comme un idiot, il avait acquiescé, oubliant totalement que la belle était aveugle…

Sullivan la vit se retourner. Elle avait prit son visage entre ses mains… pour l’embrasser. Son cœur sembla faire un bond dans sa poitrine. Il la sentait presser son corps petit et fragile contre le sien qui semblait bien plus imposant et solide… Sullivan savait que si une orpheline venait à se réveiller et à voir cela, il aurait énormément de problèmes, mais Sully ne pouvait s’empêcher de répondre tendrement à ce baiser. Il se sentait si bien ainsi… d’un geste hésitant, il entoura Virginia de ses bras, la serrant contre lui. Bien qu’elle lui semble terriblement fragile physiquement, il la serrait comme s’il avait peur qu’elle parte… Bien entendu, il ne la serrait pas trop fort, à la fois comme s’il avait peur de lui faire du mal. D’un air gêné, il mit fin à ce baiser –bien qu’il aurait tant apprécié que celui-ci dure encore-, pour lui murmurer quelques mots :

« Je resterai… »

Passant sa main dans les cheveux flamboyants de la belle, il continuait néanmoins de la serrer contre lui. Des éclairs zébraient le ciel, mais bien que Virginia ne puisse les voir, il se doutait bien qu’elle avait surtout plus peur du bruit que cela produisait que des rayons de lumières produits. Mais pourquoi avait-elle peur de tous ces orages? Avait-elle vécut quelque chose de si horrible pour continuer à en avoir peur? Elle n’avait plus 10 ans après tout…

« Je resterai aussi longtemps que tu le souhaiteras… » lui dit-il d’un ton doux, toujours en murmurant pour ne pas qu’on l’entende.

Sullivan déposa doucement ses lèvres sur celle de Virginia, l’embrassant doucement et tendrement, comme s’il avait peur qu’elle ne le prenne mal. Après un moment, il releva la tête, observant un moment le dortoir. Peut-être que Virginia préfèrerait aller à l’endroit où elle dormait habituellement plutôt que de rester ici, à l’entrée de la pièce… ignorant par contre l’endroit où la belle aveugle dormait, Sullivan semblait préférer attendre qu’elle propose elle-même d’y aller… Déposant son menton sur la tête rousse de Virginia, Sullivan la serrait toujours dans ses bras. Il semblait lui-même se chercher un certain réconfort ainsi… si elle acceptait de rester ainsi, c’était parce qu’elle l’appréciait… et le fait de sentir ce corps contre le sien semblait à la fois le gêner, mais aussi le rendre plus joyeux que jamais.

Je resterai aussi longtemps que tu le souhaiteras… à ses simples mots le cœur de Virginia avait fait un bond dans sa poitrine. Elle était si heureuse qu’elle aurait bien laissé le temps filer comme ça indéfiniment. Le monde semblait si doux dans ses bras, loin de la peur, du chagrin et de la mort.
Mais elle se rendit compte tout à coup qu’ils étaient restés debout devant la porte. Elle se dégagea doucement de son étreinte, avec un certain regret. Comme si le monde devenait à nouveau effrayant. Elle chercha sa main, la serra dans la sienne puis le guida à pas sûr vers son petit box.
Elle s’assit sur le lit et l’engagea à faire de même en tapotant la place près d’elle.

"Venez près de moi." Dit elle d'une voix troublée.

[Je sais c'est court dsl -_-]

Déçu qu’elle se dégage maintenant de son étreinte, Sullivan fut néanmoins content de la voir chercher sa main pour finalement la trouver. Il l’avait observé sans rien faire… non pas pour être méchant, mais il avait semblé réellement trop impressionné par sa manière de savoir où il se trouvait qu’il n’avait même pas songer la lui tendre lui-même sa main plutôt que de la laisser chercher un peu. Se faisant guider par l’aveugle, Sully ne pouvait s’empêcher de songer qu’elle semblait presque normale. S’il n’avait pas sût qu’elle était aveugle, il l’aurait prit sans problème pour une voyante! Elle l’emmena à ce qui semblait lui servir de chambre. C’était assez petit, mais néanmoins sympathique. Sullivan observait l’endroit quand il remarqua que Virginia tapotait de sa main une place non loin d’elle sur le lit. Les paroles de la belle semblèrent le décider à aller s’asseoir-là.

Pas question de refuser! D’abord, comment aurait-il pu lui refuser cela? Il venait de lui dire qu’il resterait près d’elle aussi longtemps qu’elle le souhaiterait! S’asseyant doucement à ses côtés, il la contempla un moment. Se sentait-elle mieux? Avait-elle besoin de quoi que se soit? Voulait-elle dormir? Souhaitait-elle parler un moment encore avec lui? Il ne savait rien de tout cela, mais il ne put s’empêcher de passer ses bras autour d’elle pour simplement la serrer tendrement contre lui. Après un court maintenant passé ainsi, à la serrer dans ses bras, Sullivan prit délicatement le visage de la belle entre ses mains pour parcourir celui-ci de ses doigts. Il semblait vouloir mémoriser chacun de ses traits.

« Tu peux me tutoyer… je crois que cela fait un moment que je le fais moi-même à ton égard… j’espère que cela ne te dérange pas? »

Parcourant doucement les lèvres de la belle à l’aide de ses doigts, il s’y attarda, comme s’il avait du mal à ‘mémoriser’ cette partie du visage de la belle aveugle… mais en fait, s’était surtout parce qu’il aimait plus que tout sentir ces lèvres sur les siennes…

« C’est joli ici… je ne pensais pas que le dortoir pouvait ressembler à cela… je n’y étais jamais venu auparavant… »

[C'est pas grave ]

A nouveau la proximité de Sully la mettait en confiance, elle ne savait pourquoi.
Ses paroles, le contact de son corps contre le sien, son souffle chaud près de son visage, la plongeaient dans une douce quiétude qu’elle n’avait jamais connu.
Elle sourit à sa remarque, le tutoyer ? Ca ne la gênait pas vraiment, mais elle avait toujours aimé ce coté romantique du vous lorsqu’il est chuchoté au creux de l’oreille. Mais s’il préférait… En cet instant elle aurait fait tout ce qu’il voulait. Elle était tellement bien, tellement sereine, tellement en sécurité près de lui.
Les mains du jeune homme parcouraient son visage, si délicatement. Elle avait l’impression d’être un bijoux entre ses doigts. Quelqu’un l’avait-il déjà touché comme cela ? Au plus loin que remontait sa mémoire, il ne lui semblait pas. Elle avait reçut quelques marque d’affections de certains mais jamais elle n’avait reçu de caresse plus douce.
La remarque de Sully la reconnecta à la réalité. Elle lui paraissait tellement peu à propos qu’elle en pouffa de rire.

« Si c’est joli ou non ici, je ne peux que te faire confiance. Je ne l’ai jamais vu. » Dit elle taquine.

« Et j’espère bien que tu n’entres pas tous les soirs dans le dortoir de jeunes femmes sans défense. » ajouta t’elle de plus en plus moqueuse.

Elle était vraiment à l’aise avec lui, c’était une des seules personnes avec qui elle s’était permise de rire depuis bien longtemps.

« Ce que je vous aime ! » dit elle sans réfléchir.

Elle lui semblait à la fois si fragile et si forte. Pourquoi fallait-il que Virginia soit, elle aussi, dans cet enfer qu’était devenu l’orphelinat? Elle avait peut-être déjà vécut un tas d’horreur ici… cette idée ne lui plaisait pas du tout. Comment pouvait-on seulement songer à faire du mal à une aveugle? Pire encore : Comment pouvait-on songer à faire du mal à une fille si gentille?!
Mais il y avait aussi cette question qui le tracassait : Et si quelqu’un les voyait ici, tous les deux… qui blâmerait-on? Probablement Sullivan. Il ne devrait même pas se trouver ici, mais les autres orphelines feraient-elles la morale à la belle aveugle? Songeraient-elles que Virginia se fiche totalement de leur recommandation à propos des gardiens?

Chassant ces horribles pensées de son esprit, Sully soupira. Tout le monde dormait… personne ne les verrait… Personne n’en voudrait à Sullivan de rester ici simplement parce que Virginia le lui avait demandé. Les paroles de l’aveugle stoppèrent totalement ses gestes et ses réflexions. Cela voulait donc dire qu’elle était arrivée ici alors qu’elle était déjà aveugle? Depuis combien de temps vivait-elle dans ces ténèbres? Cela devait faire bien longtemps si on prenait en compte que la plupart des orphelines arrivaient ici avant leurs dix ans… Cette pensée lui donna un horrible pincement au cœur. Virginia n’avait pas de chance d’être ainsi plongée dans les ténèbres… elle ne pouvait voir ni le jour… ni la nuit… elle ne pouvait rien voir…

« Euh… je… je n’y avais pas songé… » dit-il d’un air gêné. Néanmoins, il eut un petit rire lorsque Virginia lui parla du fait qu’il n’était jamais venu au dortoir. « Ne t’en fait pas… avec le nombre de jeunes femmes qu’il y a ici, il est hors de question que je tente d’entrer ici! Je ne ferais pas long feu… » dit-il en plaisantant même si d’un côté, il n’avait pas totalement tord.

Il préférait entrer ici avec la permission de Virginia que d’être obligé de venir surveiller ici. Certaines orphelines semblaient avoir terriblement de rancœur face aux hommes… Sullivan ne l’avoua pas à haute voix, mais il aimait bien entendre son rire ou encore de pouvoir entendre ce ton de voix moqueur qu’elle avait prit. Elle lui semblait moins fragile que lorsqu’elle était complètement morte de peur. Passant doucement sa main dans les cheveux de la belle, il ne put s’empêcher de songer que leur couleur était réellement magnifique. D’ailleurs, les paroles de l’aveugle firent bondir son cœur dans sa poitrine. Disait-elle réellement ce qu’elle pouvait penser de lui? L’aimait-elle réellement? Trop gêné pour répondre quoi que se soit, Sully se contenta de la serrer de nouveau contre lui. Ce n’était pas beaucoup, il le savait… Le jeune homme déposa un baiser sur la joue de la belle avant de finalement parler :

« Le… penses-tu vraiment…? » lui demanda-t-il d’une voix faible et hésitante, comme s’il redoutait plus que tout sa réponse… puis, comme s’il n’avait rien demandé, il s’adressa de nouveau à Virginia : « Tu te sens mieux ici? Y a-t-il quoi que se soit que je puisse faire for you? »

Le tonnerre grondait toujours, mais Sully avait tellement semblé gêne de lui demander si elle pensait réellement ce qu’elle avait dit qu’il avait eu le réflexe de totalement changer de sujet…

Les mots étaient sortis seuls, sans qu’elle ne l’ai voulut. Elle avait dit tout haut ce qu’elle ne savait même pas ressentir tout bas. Mais une fois sortis, ils avaient pris un sens.
Oui la vérité lui paraissait à présent limpide, elle l’aimait. C’était pour ça se trouble quand elle était proche de lui. C’était pour ça ce désir de l’embrasser, de le toucher.
Elle l’aimait.
Mais pourquoi si vite ? alors qu’elle ne connaissait rien de lui, alors qu’elle ne l’avait rencontré qu’il y a quelques heures.
Mais il avait illuminé l’obscurité dans laquelle elle était plongée depuis si longtemps. Elle ne voyait pas certes, mais cela n’avait plus d’importance, tant qu’il était la près d’elle.
Ce nouveau sentiment, au lieu de lui faire peur, la mettait en confiance, elle se sentait prête à présent à changer pour lui. A combattre ses peurs et vivre, au lieu de survivre comme elle l’avait fait depuis cette terrible nuit. Ne plus dépendre des autres et devenir forte pour celui qu’elle aimait à présent.

Il bafouillait, elle l’avait mis mal à l’aise, alors qu’elle même n’avait pas été blessé par son étourderie. Comment aurait il pu savoir qu’elle ne voyait pas depuis si longtemps.
Cela lui rappela la douloureuse idée qu’elle ne connaissait rien de lui. Elle voulait pourtant tout partager et tout savoir sur lui. Mais elle avait peur qu’il ne veuille pas lui dire, qu’il reste secret.

Il ne la croyait pas, elle avait ouvert son cœur à lui, et il ne la croyait pas. Mais en même temps, elle ne pouvait l’en blâmer, elle même ne le soupçonnait pas avant de le lui avoir dit.
Il détournait la conversation, peut-être l’aveux de la jeune fille l’avait choqué. Maladroite comme elle était peut-être n’avait t’elle pas un comportement convenable pour une jeune fille.

Elle lui pris la main et la posa sur sa poitrine au niveau du cœur, puis se pencha vers lui pour chuchoter.

« Je..je suis si bien avec toi que je voudrais rester ici toujours » Sa voix était remplie d’émotion et des larmes étaient prête à couler de ses grand yeux sans vie.

« Je ferais tout pour toi » Son souffle de plus en plus court, lui semblait s’être coupé à la fin de sa phrase.

L’agissement de Virginia et ses paroles semblèrent réconforter Sullivan. D’un côté, elle n’avait plus peur de lui, c’était déjà un très bon début! D’ailleurs, jamais elle n’aurait prit sa main pour la mettre au niveau e son cœur si elle avait encore eu peur de lui. N’importe qui aurait pu profiter d’elle… Ce geste avait semblé gêner Sullivan au plus haut point, mais il se força à ne pas le montrer ni à enlever sa main de là. Il pouvait sentir le cœur de la belle aveugle…
Se rendait-elle compte de ce qu’elle lui disait? Elle ne le connaissait pas plus que cela et pourtant elle était prête à faire ce qu’il lui demanderait… quoi que… lui-même était dans cette situation. Comment refuser quoi que se soit à une si gentille et belle jeune femme comme elle? Sully l’observa un long moment, ne disant rien. Il se contenta de l’observer… Enfin, il se mit à parler.

« Tu m’étonnes réellement beaucoup… Tu sais que je suis un surveillant et que je suis venu ici pour travailler et pourtant, au lieu de me repousser comme la plupart des jeunes femmes ici, tu oses même me faire venir jusqu’ici. La plupart des gardiens ici ne semblent pas se privé pour toutes vous entraîner dans un tas de piège afin de profiter de vous… et pourtant, toi, tu sembles me faire confiance jusqu’au point de me dire tout cela… »

Sullivan se tut un long moment, comme s’il réfléchissait. Il sentait encore les pulsations du cœur de la belle sous sa main. Tout lui aurait été si simple d’abuser d’elle maintenant qu’il en était si près… mais Sullivan n’était pas ainsi et Virginia avait beaucoup de chance de ne pas être tombé sur un autre.

« Je… t’aime énormément… probablement plus que tous ceux que j’ai connu jusqu’à maintenant… »

Son message [pfff, tout un gage hein!] devait être clair ainsi : il l’aimait plus que tout. Maintenant certain que la belle aveugle ne le repousserait pas et qu’elle semblait réellement l’aimer, il enleva lentement sa main du cœur de l’orpheline. Sullivan ne voulait aucunement gaffer… et vu que Virginia ne pouvait voir ses gestes, il avait tout de même peur de mal agir ou qu’elle songe qu’il lui veuille du mal. Il avait envie de la serrer contre lui, de l’embrasser à nouveau, de pouvoir sentir son corps fragile contre le sien… Avant, Sullivan n’avait jamais ressentit ce besoin de sentir quelqu’un contre lui… mais voilà que maintenant c’était le contraire. Il aurait aimé pouvoir rester près de Virginia toute sa vie…

« Je suis content que tu n’aies plus peur de moi… »

Espérant qu’elle ne prenne pas mal sa phrase –après tout, ici, on pouvait facilement croire n’importe quoi pour n’importe quelles paroles!-, il passa ses bras autour d’elle, ne pouvait résister à l’envie de la serrer contre lui. Il lui aurait bien posé un tas de question sur elle-même, mais était-ce le bon moment? Après tout, elle semblait plus joyeuse qu’au début… à quoi bon la rendre triste en lui faisait rappeler de vieux souvenirs?

Pourquoi Virginia avait tellement confiance en lui ? Elle n’avait aucune preuve, mais elle sentait que Sully était différent des autres surveillants. Elle avait une confiance aveugle [mouahahah dsl -_-] en lui qui rien n’aurait pu ébranler. C’était comme si la perte de la vue, avait valoriser un autre sens qui lui permettait de voir à l’intérieur de son âme. Non elle n'avait plus peur de lui, bien au contraire, elle était totalement confiante et offerte à lui.

« Parce que je sens que tu ne me feras pas de mal, je ne saurais dire pourquoi. Je sais ce qui se chuchote dans les couloirs, je sais que ces monstres ont fait à certaines de mes sœurs, et pourtant je sais aussi que tu n’es pas comme eux. Je te connais si peux, mais j’aimerais tellement te connaître.» Sa voix était grave et ferme. Elle était sûr de ses propos et elle voulait que Sully s’en rende compte.

Puis son esprit divagua un peu, la main de Sully contre son cœur et si prés de son sein la troublait de plus en plus.

« Et puis ça ne me gênerait pas si c’était vous qui abusiez de moi Monsieur MacReady. » Elle était si rouge, mais elle n’avait pas pu s’empêcher d’ajouter cela.

Oui, bien entendu, il se doutait que certains surveillants devaient avoir une horrible réputation dû à ce qu’on pouvait murmurer dans les couloirs de l’orphelinat… Mais néanmoins, rien ne pouvait prouver à Virginia qu’il était ‘gentil’… il venait à peine d’arriver, personne n’avait réellement u le temps de parler de lui, mais heureusement pour Virginia, elle n’avait pas eu tord : Jamais il n’oserait lui faire du mal ou encore lever la main contre elle.
Pas méchant de nature, Sully semblait encore moins ‘capable’ de vouloir faire du mal à cette femme. Pourtant, rien ne l’empêchait de le faire… Il était au courant pour la salle de torture, il savait que plusieurs orphelines y étaient déjà passées, mais jamais il n’oserait faire quoi que se soit à la belle aveugle.

« Tu… as raison… je n’oserais jamais te faire du mal… et puis, si j’avais voulu t’en faire, je n’aurais pas prit la peine de te parler pour finir ensuite ici… »

Elle était tellement mignonne… s’il avait été méchant, il ne se serait probablement pas du tout gêné pour lui faire du mal et s’amuser avec elle… Mais elle voulait aussi le connaître… continuerait-elle à l’aimer autant une fois qu’elle saurait comment il était réellement? Peut-être…

« Eh bien… si tu veux me connaître, tu n’as qu’à me demander ce que tu veux savoir à mon propos… je te répondrais du mieux que je le peux. » lui dit-il sincèrement.

Ce que Virginia avait ajouté ensuite le laissèrent sans voix pendant un bon moment. Malgré la noirceur du lieu, il pouvait voir le visage rouge de la belle aveugle à chaque éclair qui zébrait le ciel…

« Euh… ce… n’est pas vraiment le genre de chose que je ferais de toute manière… »

Non, jamais il n’abuserait d’elle, c’était hors de question! Il ne lui ferait jamais rien dans son accord… Sully n’était pas non plus idiot au point d’abuser d’une pauvre aveugle orpheline, même si cela ne semblait pas la ‘déranger’.

« Je ne te ferai jamais quoi que se soit sans ton accord… je ne suis pas stupide au point de forcer les gens à ce genre de chose… »


[Désolée, j'ai écrit ça assez en vitesse, je dois aller manger >.< je reviendrai après]

Elle savait qu’il ne ferait rien contre elle sans son accord. Ce n’était pas exactement ce qu’elle voulait dire. Mais son innocence l’empêchait de trouver les mots justes.

Elle s’allongea sur le côté, la tête appuyé sur les genoux de Sully et serra sa main dans la sienne.

Il voulait bien lui parler de lui, elle pouvait tout lui demander. C’est exactement ce qu’elle voulait. Mais maintenant qu’elle en avait le droit, elle ne savait pas par où commencer.

Elle ferma les yeux, appréciant la proximité de celui qu’elle aimait. Si elle était un chat, elle serait bien mis à ronronner.
Elle réfléchissait à la vie qu’avait mené Sully avant l’orphelinat, elle l’imaginait dans les métiers les plus fou, protégeant la veuve et l’orphelin, se battant pour la liberté d’un peuple oppressé… Cette songerie l’amena à des questions plus réalistes. Les orphelines n’avaient rien en dehors de ce manoir, mais le personnel, ils avaient bien une vie avant, une famille.

« Pourquoi es tu venu ici ? Tu as du tout quitter, ta famille, tes amis… » Elle chuchotait pour ne pas rompre la douceur du moment.

Un sourire s’étira sur ses lèvres lorsqu’il vit l’aveugle s’allonger sur le côté et poser sa tête sur ses genoux alors qu’elle serrait aussi sa main dans la sienne. Sullivan passa doucement sa main libre dans les cheveux roux et bouclés de la belle. En admiration devant la beauté de cette non-voyante, Sullivan ignorait encore complètement qu’il finirait aussi par tomber amoureux d’Inki… ignorant encore tout de ce complexe si grand qui allait s’installer en lui après peut-être quelques jours, Sully ne semblait pas se soucier du futur, enfin… pour le moment.
L’observant tendrement, Sullivan semblait oublier totalement la cécité de la belle rousse… elle lui semblait probablement plus voyante que bien des gens qui avaient encore la vue!
La question de Virginia sembla le ramener à la réalité, l’interrompant dans son admiration pour cette jeune femme.

« Non… je n’ai rien quitté… j’ai plutôt trouvé. Mes parents ont toujours fait passer l’argent avant leur unique son… ils pouvaient m’acheter tout ce que je voulais, mais ils n’ont jamais comprit que je n’ai jamais réellement voulu de tout cela. Si l’amitié pouvait s’acheter par l’argent, j’en aurais probablement acheté… cela m’aurait probablement été plus simple… je n’ai jamais vraiment été capable de gagner l’amitié de quelqu’un… » avoua-t-il à Virginia en soupirant, une pointe de tristesse dans la voix. Il poursuivit : « En fait… je suis venu ici pour gagner de l’argent… je n’ai jamais voulu utiliser la fortune de mes parents… et je suis aussi venu ici parce que la langue est le French… » il hésita un instant pour ajouter : « J’espérais aussi l’amitié… ou mieux encore en venant ici… et j’ai finalement trouvé… »

Tout en chuchotant doucement ses paroles, il sembla serrer un peu plus fort la main de Virginia. Il avait probablement trouvé bien plus qu’une simple amitié, il en était convaincu. Le jeune homme observait toujours la non-voyante d’un air tendre, laissant souvent son regard se perdre dans cette belle chevelure qui semblait l’hypnotiser.

« J’ai gagné plus que j’ai perdu en venant ici… et je ne regrette pas mon choice… enfin, ce n’est pas l’endroit le plus joyeux du monde, mais je suis réellement heureux d’être ici… »

Parlait-il à propos du fait d’être à l’orphelinat ou encore ici, avec Virginia? Probablement d’un peu des deux… Il n’allait aucunement se plaindre de pouvoir être autant dans la petite chambre de la belle Virginia que d’être dans un orphelinat à gagner sa vie de son mieux. Oh, bien entendu, s’il avait le choix, il passerait sa vie ici, en présence de Virginia, mais bon… on ne lui donnait pas vraiment le choix s’il voulait vivre autrement qu’avec la petite fortune de ses parents.

« J’imagine que vous deviez toutes être bien ici avant que nous ne venions ici… il ne devait probablement pas y avoir tous ces cris la nuit… pas de peur dans vos regards… j’aurais bien aimé pouvoir voir comment vous viviez avant que cet orphelinat ne devienne un enfer… » soupira-t-il plus pour lui-même que pour Virginia.

Fermant toujours les yeux, elle écoutait avec attention la réponse de Sully. Il lui parlait enfin de lui, elle ne voulait en perdre la moindre miette.
Sully ne semblait pas avoir été heureux auprès de sa famille. Pour Virginia qui avait perdu si jeune ses deux parents, cette idée la choqua fortement.
Elle revoyait sans cesse dans sa tête la dernière chose qu’elle verrait de ce monde. La poutre qui avait emporté ses parents loin d’elle, la privant en même temps de la vue.
Virginia se rendit compte alors qu’au fond ils se ressemblaient d’une certaine manière. Ils avaient toujours été seuls, privés de l’amour irremplaçable de parents.
Bien que toujours malheureuse, la jeune femme s’était habituée à cette solitude et à ce manque, mais de comprendre que Sully avait souffert aussi, lui fit mal.
Son cœur se serra et quelques larmes silencieuses coulèrent le long de ses joues.
Mais elle continuait d’écouter Sully. Que voulait il dire par ici ? Ici avec elle ? ou au manoir en général. Virginia n’osait espérait qu’il s’agisse d’avec elle.
Il avait détourné la conversation sur l’orphelinat. Un enfer ? Pour elle, le manoir n’avait jamais été un lieu de bonheur.

« Du temps où notre protectrice était encore de ce monde, mes sœurs étaient assez heureuses… On en peux pas l’être complètement ici, nous avons perdu nos parents, souvent très jeunes et même si la vieille dame était douce et gentille, elle ne pouvait pas panser toutes les blessures. »

Elle fit une pause, cela lui coûtait de parler de sa vie. Elle préférait, tant qu’il ne lui posait pas la question directement, ne pas évoquer son cas personnel.

« Au lieu des cris, c’était des rires et des chansons que l’on entendait autrefois… »

Une foule de souvenirs lui tomba dessus, la vieille dame, la seule personne avec qui elle avait était liée après la perte de sa vue et puis la musique qui avait été pour elle un véritable refuge.
Puis des souvenirs moins bons étaient revenus à la surface. Des souvenirs qu’elle tentait désespérément d’enfouir au fond d’elle même. La nuit, la terrible nuit… le feu…la mort.
Elle retint ses sanglots, mais ne pu s’empêcher de se serrer un peu plus contre Sully.

Sully avait un tas de questions qui lui trottait dans la tête, mais il ne semblait pas oser les poser à Virginia. Elle n’avait peut-être pas envie de parler de sa vie d’avant ou encore de lui dire comment elle avait perdu la vue. Il ne vit pas non plus les larmes silencieuses qui s’échappait des yeux morts de Virginia. Probablement qu’il les aurait vues s’il n’avait pas été perdu dans ses pensées… d’horribles pensées à vrai dire. Sully revint à la réalité en entendant enfin Virginia parler. Ses sœurs? Oui, mais elle? Avait-elle déjà été heureuse ici? Il l’écoutant parler sans rien dire, sachant que cela devait être assez difficile pour Virginia de lui dire tout cela. La pauvre n’avait jamais pu voir quoi que se soit apparemment, dans cet orphelinat. Autrement, elle lui aurait probablement conté que ses sœurs passait plus de temps à sourire et rire que de pleurer pour un rien… Ces pauvres jeunes femmes ne devaient pas avoir eu une vie facile quand on y songeait.

« Et toi? As-tu déjà été heureuse ici avant que tout ne change? »

Il la sentit se serrer plus fort contre lui. Songeait-elle à tant d’horreur pour agir ainsi? Sullivan se pencha un peu plus au-dessus d’elle, de façon à pouvoir observer son visage. Il l’observa un moment, tentant de voir si quelque chose n’allait pas Avait-il gaffer ou était-ce simplement Virginia qui se remémorait des souvenirs? Il passa sa main sur la joue de l’aveugle… avait-elle pleuré? Celle-ci était légèrement humide…

« Est-ce que ça va? Je suis désolé… ce ne doit pas être bien amusant de parler de cela… »

C’était justement pour cela qu’il ne la questionnait pas plus que cela sur elle-même. Il n’avait pas envie qu’elle pleure toute la nuit par sa faute. Bien que Sullivan soit loin d’être fatigué, il semblait observer à la fois que sa belle ne le soit pas trop. Il pouvait comprendre qu’elle avait peur à cause de l’orage dehors, mais il ne resterait probablement pas ici toute la nuit. Virginia finirait probablement par s’endormir, et à moins qu’elle ne lui demande de rester, il partirait probablement pour éviter que les filles ne le voient ici. Il était hors de question qu’il s’attire sur lui la colère de celles-ci! Comme pour changer un peu l’ambiance générale de la conversation, Sully se remémora un peu cette conversation qu’il avait eue avec elle au salon.

« Tu m’as dit connaître la salle de musique lorsque nous étions au salon… Jouerais-tu donc d’un instrument? »

Elle ne répondit pas tout de suite, préférant se calmer avant. Elle ne voulait pas qu’il entende sa voix trembler. Et puis elle ne savait pas vraiment quoi lui dire. Que devait elle taire ? Comment lui raconter ?
Prenant sur soi, elle réussit à rentrer ses larmes.

« ce n’est pas grave tu as le droit de me poser des questions…. J’ai toujours été seule ici, j’ai toujours été transparente ou prise en pitié par mes sœurs. La vieille dame m’a offert un peu de son amour, mais j’ai toujours été seule. »

Sa voix était amère mais elle continua pourtant.

« Je ne suis qu’une pauvre incapable aveugle après tout. » Murmura t'elle.

Ces mots, elle se les était répété sans cesse pendant tant d’année sans oser les dire devant que ce soit. Finalement, cela la soulageait.

« Je n’ai jamais été heureuse depuis que…que… »

Mais elle ne put terminer. Les larmes avaient recommencé à pointer le bout de leur nez. Il détourna la conversation et elle l’en remercia par la pensée.

« Oui, je fais du piano » dit faussement enjouée.

Sullivan savait très bien qu’il pouvait la questionner, mais il ne l’osait pas vraiment. Il avait peur qu’elle ne se mette réellement à pleurer et il n’était pas du tout doué pour consoler les gens. Il avait apprit à se consoler lui-même en se laissant pleurer pendant des heures pour s’endormir d’épuisement, mais rien de plus. Sa belle Virginia avait donc toujours été seule… elle n’avait vraiment pas de chance! Et dire que toute les filles de l’orphelinat semblaient toutes si liées entre elles… mais l’une d’elle semblait totalement exclus… Il serra un peu plus fort la main de Virginia dans la sienne, la comprenant très bien. Elle se traita tout de même de pauvre incapable aveugle… un gros pincement au cœur saisit Sullivan. Il déposa un simple petit baiser tout près de l’oreille de sa douce pour lui murmurer à son tour quelques mots :

« Tu as beau avoir été probablement tout aussi seul que moi, mais tu n’es pas une pauvre aveugle incapable… Si tu avais été une incapable, tu te serais sauvée en entendant ma voix dans le salon. Ceux qui ont toujours la vue ne m’auraient même pas réveillé par peur alors que toi tu es restée en sachant que j’étais un parfait intrus ici. Tu n’es pas une incapable Virginia. À te voir te déplacer, j’en viens presque à croire que tu vois parfaitement tout ce qui t’entour… J’en viens à oublier que tu es aveugle et au lieu de te répondre par ‘oui’ ou ‘non’, je te réponds par hochement de tête. Si tu avais été une incapable, tu n’aurais probablement pas eu le courage de te garder en vie et tu passerais ton temps à te plaindre de ta cécité, mais ce n’est pas du tout le cas! »

Sullivan se tut. Il pensait réellement tout ce qu’il disait et il en venait à parler seulement français, comme s’il oubliait totalement son anglais même si parfois il hésitait sur certains mots. Penché depuis un moment au-dessus d’elle, il put voir les larmes pointer à nouveau dans les jolis yeux de Virginia. Elle n’avait jamais été heureuse? Cette phrase sembla briser le cœur du pauvre Sullivan que ne pouvait que la prendre en pitié. Elle n’avait vraiment aucune chance…

« Du piano? Tu arrives à en jouer? Tu me montreras comment tu t’y prends, un jour? » demanda-t-il, de nouveau tout curieux. Il ne semblait pas comprendre que les partitions pouvaient être en braille… « Tu m’intrigues réellement… Déjà que tu m’étonnais grandement dans le salon quand tu m’as montrée comment tu t’y prenais pour voir les gens qui t’entouraient… et maintenant tu m’étonnes de plus en plus. Enfin, pas que je te crois incapable de jouer de la musique, loin de là, seulement… je n’arrive pas à me mettre à ta place pour imaginer comment on se sent… Il faudrait réellement qu’on me bande les yeux pour que je comprenne j’imagine. » dit-il en riant un peu.

Il n’avait aucun mal à croire que s’il agissait ainsi pendant une journée de temps, Virginia le guiderait partout sans aucun problème alors que lui serait probablement totalement désorienté! Pendant qu’il songeait à cela, sa main caressait doucement la joue de Virginia. Elle semblait moins apeuré ici que dans le salon… et la proximité de cette belle aveugle semblait réjouir au plus haut point Sullivan. Elle était là, tout près de lui, sa tête posé sur ses genoux… L’observant d’un air plus tendre que jamais alors qu’il semblait bien décidé à passer une journée dans la peau d’un aveugle, Sully proposa son idée à Virginia :

« J’aimerais bien comprendre comment tu vis… et l’idée de passer une journée dans le noir total me vient de plus en plus à l’idée… Cela t’embêterait si je tentais l’expérience? »

Il n’avait pas envie qu’elle croit qu’il se moquait d’elle, c’était bien loin de son idée! Il voulait simplement mieux la comprendre…

Les paroles de Sully réchauffèrent le cœur de Virginia, quelque chose en elle changeait. La confiance et le soutiens d’un être cher pouvait bouleverser son monde de ténèbres.
L’évocation du piano illumina le visage de Virginia qui semblait plus joyeuse.

« Si tu veux ce sera avec plaisir que je te montrerais, en fait j’ai des partitions en braille que m’a offert la vieille dame. Je l’ai ai apprise par cœur et je peux donc jouer. Tiens regardes »

Elle s’approcha de la petite table de nuit en ouvrit le tiroir et sortit plusieurs feuilles parsemées de petites bosses.
Ses doigts parcoururent un peu les feuilles comme pour lui montrer comment elle lisait.

Il voulait découvrir le monde comme un aveugle ? Comment pouvait on lorsqu’on peut voir toutes les belles choses que le monde a à offrir, vouloir tenter l’expérience de ne plus voir ?
Il est vrai que le monde en était diffèrent, tous les sons avaient une importance pour se représenter l’environnement les dangers…
Le toucher venait ensuite. Connaître les formes des objets du quotidien, leur place exacte…
Toute ses choses qu’elle avait du apprendre en même temps que le deuil de sa famille.
Elle ne comprenait pourtant pas son envie de découvrir ce que cela faisait. Mais s’il le voulait elle l’aiderait.

« Si tu veux je t’aiderais, ça pourait être amusant » Dit elle en souriant gaiement.

Ah! Enfin elle semblait plus joyeuse! Apparemment, Sullivan venait de trouver un sujet qu’elle semblait aimer… Il vit l’aveugle se diriger vers une petite table de nuit et en sortir quelques feuilles. Sully la regarda d’un air intrigué. Il la voyait parcourir les feuilles d’un doigt… Il prit l’une des partitions pour mieux observer… Le papier était plus épais et parsemé de petites bosses d’un côté… Elle lisait ces petites bosses! Enfin Sullivan semblait comprendre. Il passa lentement son index sur une des lignes, fonçant les sourcils.

« Et tu arrives à ‘lire’ ça? Pourtant… ce n’est pas du tout des lettres… enfin… pas des lettres de l’alphabet en tout cas… »

Sullivan avait beau observer dans tous les sens et sous tous les angles, il ne voyait pas comment elle arrivait à comprendre cela. Il n’y avait aucun ‘do’ ‘ré’ ‘mi’ d’inscrit sur la feuille! Enfin… c’était surtout que Sullivan ne semblait pas comprendre que ces codes de points représentaient des lettres.
Sully semblait néanmoins comprendre que son idée de passer une journée avec un bandeau sur les yeux pouvait être étrange pour une aveugle, mais il semblait surtout chercher à comprendre comment elle vivait. Il semblait avoir du mal à imaginer ce qu’elle pouvait ressentir… et cela peut-être qu’ainsi, il cesserait de lui répondre par hochement de tête alors qu’elle ne le voyait pas! Il comprendrait ce que c’était. Le jeune homme fit un large sourire à Virginia à sa réponse. Déposant la feuille à côté de lui, il se leva à son tour pour aller la serrer doucement dans ses bras.

« Merci… Mais d’un côté… c’est vrai que cela risque d’être assez amusant! Je risque des mettre des heures pour me déplacer d’une pièce à l’autre. » dit-il en faisait attention à ne pas rire trop fort. Sully déposa un baiser dans les cheveux de la belle aveugle. « C’est bizarre que vous ayez toutes des petites chambres dans un dortoir… Enfin, cela vous donne probablement toutes un peu plus d’intimité même si les chambres sont toutes collées les unes sur les autres… Tu crois que l’on nous entend dans les autres chambres? Je n’ai pas vraiment envie d’avoir un tas d’ennuis avec toutes les orphelines, dès demain matin à la première heure… »

Il pourrait avoir des ennuis, certes, mais seulement avec les jeunes femmes… les autres surveillants ne diraient rien… Les surveillants… ils devaient réellement être cruels avec Virginia!

« Est-ce que… tu as déjà eu des problèmes avec des surveillants? Je sais, ma question est étrange, mais… quand je t’ai vu au salon, tu n’as pas rouspété quand je t’ai dit de ne pas rester dans ton coin et de plutôt venir t’asseoir… tu n’as pas l’air de faire réellement ta rebelle ici, mais… est-ce que l’un d’eux à déjà essayé de… te faire du mal? »

Virginia sourit tendrement, elle aimait l’attention qu’il lui portait, l’intérêt qu’il prenait à écouter ses explications.

« C’est un alphabet différent du votre c’est vrai, une série de bosses compose une lettre. Enfin comme la il s’agit d’une partition ce sont des notes. Je sais qu’il existe un code international pour les aveugles, celui ci n’en est pas. C’est la vieille dame qui me l’a appris. Elle a recopié elle même des partitions dans ce code. »

Il s’inquiétait pour sa présence ici. Il est vrai que s’il avait été trouvé ici par quelqu’un cela pourrait tourner mal. Si c’était l’une des pensionnaires, c’est certainement Virginia qui aurait des ennuis, mais s’il s’agissait d’un autres surveillants… les conséquences auraient été désastreuses. Elle ne voulait pourtant pas qu'il parte tout de suite.

« Les murs sont épais. Je préfèrerais que nous chuchotions tout de même. On ne sait jamais. Et puis si on nous surprend je te sauverais.» Elle laissa échapper un petit rire enfantin.

« Je n’ai pas vraiment eu d’ennuis avec les surveillants… pas autant que ce qu’a subit…. » Elle ne termina pas sa phrase. Elle était un peu gênée et se contenta de détourner pour revenir sur son propre cas.

« Je sais me faire discrète, j’obéis et reste dans mon coin. Je suis assez insignifiante pour tout le monde ici. Je n’ai pas grand chose à craindre. »

C’était rassurant de savoir qu’on était ignoré quand dans les couloirs on chuchotait de plus en plus d’horreur.

Elle se pendit au cou du jeune homme et l’embrassa doucement. Puis s’approcha de son oreille.

« N’ai pas peur pour moi. » Lui susurra t’elle.

Sully l’écoutait avec attention, tentant de comprendre quelque chose à tout cela. Comment les aveugles arrivaient-ils à écrire ainsi?! N’ayant jamais réellement approché d’aveugle de sa vie, Sullivan semblait toujours aussi curieux face à ce monde où vivant la belle Virginia, sachant que sa vie devait être terriblement différente de la sienne ou de celles des autres orphelines. Il n’enviait pas Virginia, mais il ne la prenait pas non plus en pitié. Elle avait probablement un caractère très fort même si elle lui semblait toute inoffensive… D’après ce qu’il avait pu comprendre, elle avait déjà pu voir le monde, mais il admirait son courage… la pauvre devait avoir vécut un si gros choc à la perte de sa vue… et pourtant, elle semblait presque vive une vie normale… Elle ne se laissait pas abattre ou encore elle ne lui parlait pas qu’elle avait envie de se suicider parce qu’elle trouvait que la cécité était un gros handicap…

« C’est étrange comme partition… Mais je suis content de voir que tu puisses jouer d’un instrument! Ce doit être génial de t’entendre en jouer… Mais… tu refais toujours les mêmes morceaux? Ce doit être un peu ennuyant à la longue… »

Peut-être qu’il pourrait lui trouver quelques partitions à la bibliothèque… ce genre de chose devait bien exister! Les paroles de la belle aveugle le firent néanmoins rire. Il adorait son rire… il sonnait quelque peu enfantin, mais bon sang qu’il était beau!

« Et comment comptes-tu t’y prendre pour me… ‘sauver’? » demanda-t-il d’un air joyeux et curieux.

Il retrouva son sérieux… qui avait pu avoir autant d’ennuis? Il avait souvent entendu parler de bien des orphelines, mais de là à dire de qui il s’agissait… Mais malgré tout, Sullivan semblait soulagé que Virginia n’ait pas eu trop de problèmes jusqu’à maintenant. Il l’aimait beaucoup et il ne semblait pas supporter l’idée qu’on puisse faire du mal à une jeune femme si belle et si gentille.

« Je t’en supplie Virginia… continue à te faire aussi discrète… je… je m’en voudrais terriblement si l’un des gardes venait qu’à… t’enfermer au cachot… ou pire encore… »

Il ne finit pas le reste de sa phrase, laissant à Virginia le soin d’imaginer elle-même ce qui pourrait être pire… même s’il se doutait que cela devait tourner autour des viols, des tortures, etc. Et si un garde venait qu’à la torture simplement parce que cela l’amusait?! À cette pensée horrible, Sullivan resserra son étreinte, serrant un peu plus fort contre lui la belle Virginia. Parlant de Virginia, celle-ci s’était ‘pendu’ à son cou pour l’embrasser doucement… le cœur battant, Sully semblait autant apprécier cela qu’il semblait redouter qu’on le voit ici… et à être ainsi embrassé. Ne pas avoir peur pour elle… c’était beaucoup demandé…

« Ce n’est pas si simple… ils ont déjà tant fait de mal qu’ils finiront bien par toute vous en faire… et c’est cela qui m’inquiète… Dès qu’ils n’auront plus de plaisir avec certaines, ils se tourneront vers d’autres… »

Oui jouer les même morceaux aurait pu finir à être lassant, mais depuis quelque mois Virginia n’osait pas jouer. Elle avait si peur de déranger, qu’on la remarque.
Sa tranquillité venait du fait qu’on le la remarquait pas. Se serait elle mis en danger en jouant ? c’est ce qu’elle pensait fortement.

« Je ne joue pas beaucoup en ce moment » dit elle d’un air taciturne.

Reprenant sa joie lorsqu’il lui demanda comment pourrait elle le sauver elle lui répondit tout sourire.

« Je me jetterais sur eux et attaquerais avec mes griffes » dit elle en montrant ses ongles comme si elle allait attaquer.

Les propos graves de Sully la fermèrent quelque peu. Elle ne voulait pas y songer, pas quand elle était là avec lui. Si proche de celui qu’elle aimait.

Dommage… mais pourquoi ne jouait-elle par beaucoup? Elle avait peut-être tout simplement peur qu’on la remarque ainsi… En tout cas, si c’était cela, Sully ne pouvait pas vraiment lui en vouloir.

« C’est dommage… mais… tu me montreras tout de même un jour tes talents, n’est-ce pas? »

Il semblait presque avoir peur de ne pouvoir jamais l’entendre simplement à cause de tout ce qui changeait dans l’orphelinat. Sullivan, en plus, semblait grandement s’intéresser à cela. Pour une fois qu’il semblait réellement intéresser par quelque chose…il fallait que cela tombe sur un orphelinat qui ressemblait plus à en Enfer! Sullivan eut un large sourire lorsqu’elle lui expliqua la manière dont elle pensait pouvoir le défendre. Il semblait avoir encore une fois complètement oublié qu’elle ne le voyait pas sourire… Quel idiot! Il passait son temps à oublier cela.

« Eh bien… je suis content de me savoir si bien protéger! » dit-il d’un ton joyeux tout en entraînant avec lui, Virginia, pour qu’ils s’assoient de nouveau sur le lit.

Sans vraiment s’en rendre compte, Sullivan ne cessait de sourire, comme s’il avait encore oublié complètement que Virginia ne voyait pas –bon d’accord, c’était parce qu’il avait encore oublié, mais bon…-. Appuyant sa tête sur l’épaule de sa belle aveugle, Sully préféra continuer la discussion sur un ton plus… joyeux et moins déprimant.

« La gentille et jolie non-voyante qui défend le grand gardien… Ça va faire du joli. » Sullivan soupira avant de demander : « Dis-moi… tu te sens mieux ici, n’est-ce pas? Il y a encore des orages après tout… »

Dommage qu’il ne puisse pas la protéger de cela! Une question lui traversa l’esprit… trop curieux, Sully la lui posa :

« Pourquoi les orages te font si peur? Je peux comprendre que les enfants puissent en avoir peur, mais toi… tu n’es plus une enfant… Enfin, je... je vais te laisser, tu as besoin de repos...»

Sully se leva et partit.